29.7.04

Écran de fumée

Hier, feux d'artifice de clôture du festival (de feux d'artifice). Jean-Christian est venu. Avec Sophie, on est montés chez Christian-Gilles, qui a vue sur le sud. Quatre personnes dans le noir sur le balcon, trois Christian: mélangeant. CGDR a déménagé du 10ème au 8ème pour accommoder les projets hôteliers du propriétaire: la perspective sur le port en souffre. Anyway, le smog était si gras qu'on n'a pas vu grand-chose à part des lueurs bibliques stroboscopiques. Ça a donné le goût à Saku de danser pour moi, danser une danse de banshee concupiscente sur un air de Donna Summer en boucle.

Mardi, croisé Nathalie Rochefort à L'Esco. Obtenu sa permission d'utiliser son nom dans un épisode crucial de Goth, celui où elle invite des jeunes de la rue lors de son assermentation à l'Assemblée Nationale. J'espère qu'elle s'en souviendra: la rouge était plutôt joyeusement grise ce soir-là. Moi-même, n'ai-je pas oublié de souligner que Tony Tremblay nous a payé une tournée de shooters de Tequila?

28.7.04

Damon et Pythias

Kevin me manque. Pas trouvé le moyen de l'empêcher de se tuer à l'ouvrage.

Passé à L'Escogriffe hier avec Sophie. Peluso s'y produisait, puis Nick Landré, chacun interprétant une mienne chanson. Claude, une fois n'est pas coutume, est venu encourager son cousin. La place était pleine. J'ai toujours aimé cet endroit, à travers ses changements de nom, depuis qu'à quinze ans j'y voyais Gilbert Langevin monter sur les tables et délirer solide. Hier, Richard Gingras (le libraire du Chercheur de Trésor) et moi l'avons évoqué, puis on a causé de Kevin, un si bon client, et de la Bible en images.

27.7.04

Resistance is futile

Le speech de Barack Obama à la convention Démocrate fait rêver: on entrevoit peut-être le premier président black des Youessé. Le type n'est pourtant qu'un aspirant au Sénat, sans adversaire Républicain parce que Seven of Nine n'a pas voulu sucer son mari à Paris.

25.7.04

L'éléphant, l'ours, le dragon...

Sophie et moi, le dragon de sa fesse et l'ours de mon coeur, sommes allés à la messe. Dans un lieu où débarqua Jacques Cartier, en une église où pria Champlain. Ma famille, toute ma famille, venue de partout au Canada, sauf mon fils qui ne vint pas, se rassemblait en mémoire de l'éléphant, Hector, mon grand-père, mort il y a vingt-cinq ans. Après un somptueux repas au château de ma mère, nous sommes allés à Saint-Marc nous recueillir sur la tombe du patriarche. Au retour, nous avons fait l'amour avant de regarder tantôt Jean de Florette, tantôt nous-mêmes dans le miroir, la vaste glace engoncée dans un cadre de style colonial que CGDR nous a cédée en déménageant.

24.7.04

Générations

«They say time is the fire in which we burn»

Malcolm McDowell (Dr Tolian Soran)
Star Trek: Generations

22.7.04

Virus

Pat a attrapé la fièvre. La fièvre du blog. Il poste comme un malade avec sa candeur cruelle habituelle, n'épargnant personne et surtout pas lui-même, entrelardant le tout de tendresses fugaces.

20.7.04

Pas sérieux

Je n'entretiens pas sérieusement ce lieu. Je vois Guig, Hans, et je n'en parle pas. Je cuis dans un four de velours et je n'en pipe mot. JF débarque avec l'envie de boire et on n'a pas un rond, puis Dominique survient avec deux caisses de 24, et motus!

Hier, barbecue avec Sophie, Kevin et Cynthia dans le jardin des Catacombes.

18.7.04

Comme un saumon qui charrie sa chair rose en remontant aux sources

Comme un saumon qui charrie sa chair rose en remontant aux sources, incontinent mais sans malice, instinctif et princier, plein d'expérience, impatient sourcil, souffle succint, comme enfin cette bête belle qui ne se mangera qu'à l'issue d'un noble et généreux combat, je suis reparti dans le temps, cherchant ce qu'elle écrivait, et comment. Prêt à endurer une dose de déception, de relecture éclairée, de propos fades et pondérés. J'aurais coupé, oui, coupé mon senestre annulaire contre l'assurance de parcourir à nouveau ses vieux posts avec l'infrangible joie si rare en lettres. Mais rien ne me laissait soupçonner que j'en reviendrais encore plus troublé, ravi, full planche groupie que la première fois, ni d'autant plus fâché qu'elle s'y mette ou non selon son caprice, ni d'autant plus en christ d'être un poisson qui, goûtant l'hameçon, n'en peut plus de prier Poséidon: «Que je grimpe, que je fasse surface, que je sois repêché, que l'on me jette au fond de la chaloupe et qu'on m'assomme avec la rame, une fois pour toutes!»

Y a pas à dire: elle sait écrire, la petite mère, quand tel spectre l'en empêche ou que tel autre l'en supplie et que ses démons la défient et que je suis ailleurs que là tout à la fois. On croirait pas, en la lisant, le collier d'excuses qu'elle peut vous enfiler dans le cul comme autant de perles rares avant de le retirer d'un coup sec, juste pour ne pas écrire.

Bien certain, ça ajoute au plaisir, d'avoir à sévir en fin de compte. Au plaisir, et au danger. Celui, parmi plusieurs, de me lasser à force de lui expliquer ce qu'elle sait déjà depuis avant qu'on se connaisse, soit: ce qu'est la littérature, la place qui lui revient dans ma zone, les devoirs qu'elle engendre et la ligne au-delà de laquelle je n'en discute pas davantage.

Et donc, je crois qu'aujourd'hui elle écrira. Que moi aussi. Que nous devons chaque jour lire ou écrire ou dessiner quelque chose au même chef que nous faisons l'amour et entretenons nos maisons et mangeons: pas de défaites, pas de ratiocinations, pas de faux-fuyants qui tiennent: vivre, s'aimer, créer comme axe tridirectionnel de notre histoire. Je n'attends pas d'elle ce qui est exigé de moi: mon métier n'est pas le sien. Mais le sien n'est pas ce à quoi nous avons communié; nous n'en partageons ni le langage, ni les silences éloquents. Notre contrat repose sur l'art et ce qu'il cimente entre deux sensibilités, deux perceptions soeurs, deux conceptions voisines; notre baiser scelle une entente esthétique et une entente éthique. Je préfère me priver de la sauter que me priver de la lire: c'est énormément dire, si vous saviez. Je veux jouir de son esprit comme je jouis de son corps et je ne barguignerai pas sur ce chapitre, cette inestimable marchandise, tous ces fruits juteux qui mûrissent en elle dans le verger de sa cervelle.

17.7.04

Cassonade et vin suisse

Faulkner est monté hier avec un vinier offert par un obscur chanteur de l'helvète underground. Puis, avec Sophie, on s'est livrés aux exquis, aux ineffables arcanes de la consolation. Pendant ce temps, là-haut, CGDR se remettait péniblement d'une nuit d'écriture avec Éric Lapointe.

16.7.04

Neverending story

Boudin, orgueil, frousse et territorialité: finalement, c'est une histoire ordinaire. Et ancienne. J'ai horreur des histoires ordinaires et anciennes. Been there, done that. Vais faire une sieste.

Trouble in paradise

Me suis chicané avec ma souveraine soyeuse pour une brosse à dents et un parapluie.

15.7.04

Royaume

J'aimerais pouvoir écrire que j'avance péniblement dans mon roman, mais ce serait un damné mensonge. Je n'avance pas du tout, et c'est loin d'être pénible. L'été se passe entre un ventilateur qui me souffle dans le cou et Sophie qui m'insuffle la vie. Ève et Adam au paradis, dégustant des nectarines et du bleu danois entre deux plongées profondes au royaume de la Connaissance.

12.7.04

La part du lion

Maxime Catellier me fait l'honneur de me dédier un puissant poème.

La part du lion


À C.M.

La fatigue est la cadence du vampire

obus du trouble à contre-pleur
la marge sent la viande
les fées noires tendres
tailleuses
du requin dans la gorge
Malaxeur

un prince fou dévore
dans sa patte un génie s'étripant
presque roi
toi ton château l'ombre flagelle en somme
le coeur tremblant des mesures saignées
le piano droit des formes

quand irons-nous chanter en pleurant
dans les cercles où chasser n'a plus de nom
dans les nuits perpétuelles dans les nuits bues?

Perles, cuvée 2004

Comme chaque année à cette époque, Claude André m'envoie les perles collectionnées parmi les réponses aux examens du Bac sur tout le territoire de la France. Voici les meilleures:

Les égyptiens transformaient les morts en momies pour les garder vivants;

Les amazones étaient comme des femmes, mais encore plus méchantes;

Les empereurs organisaient des combats de radiateurs;

César poursuivit les gaulois jusqu'à Alesia car Vercingetorix avait toujours la gaule;

Clovis mourut à la fin de sa vie;

Charlemagne se fit chatrer en l'an 800;

Les mauvais elèves étaient souvent décapités;

Quand les paysans avaient payé leurs impôts, ça leur faisait un gros trou aux bourses;

La mortalité infantile était très élevée, sauf chez les vieillards;

Les enfants naissaient souvent en bas âge;

Jeanne d'Arc n'aimait pas trop qu'on la traite de pucelle;

L'armistice est une guerre qui se finit tous les ans le 11 novembre;

Les nuages les plus chargés de pluie sont les gros cunnilingus;

Les américains vont souvent à la messe car les protestants sont très catholiques;

La Chine est le pays le plus peuplé avec un milliard d'habitants au km carré;

Pour mieux conserver la glace, il faut la geler;

Le passage de l'état solide à l'état liquide est la niquéfaction;

Un kilo de mercure pèse pratiquement une tonne;

La climatisation est un chauffage froid avec du gaz, sauf que c'est le contraire;

Autrefois les chinois n'avaient pas d'ordinateur car ils comptaient avec leurs boules;

Les fables de La Fontaine sont si anciennes qu'on ignore le nom de l'auteur;

Les français sont de bons écrivains car ils gagnent souvent le prix Goncourt;

Les peintres les plus célèbres sont Mickey l'ange et le homard de Vinci;

Le chien, en remuant la queue, exprime ses sentiments comme l'homme;

Les lapins ont tendance à se reproduire à la vitesse du son;

Pour faire des oeufs, la poule doit être fermentée par un coq;

Grâce à la structure de son oeil, un aigle est capable de lire un journal à 1400 mètres;

Les calmars géants saisissent leurs proies entre leurs gigantesques testicules;

Les escargots sont tous des homosexuels;

L'artichaut est constitué de feuilles et de poils touffus plantés dans son derrière;

Le cerveau des femmes s'appelle la cervelle;

Après un accident de voiture, on peut être handicapé du moteur...


Sarah, la compagne de Claude, jamais en reste, m'envoie cette bonne blague:

Le petit Sylvain vient de se faire prendre par son papa en train de boire de l'alcool en cachette. Le papa a décidé de lui faire une leçon de morale. Il entraîne Sylvain dans le jardin, emmenant avec lui un verre de whisky et un verre d'eau. Il prend un ver de terre et le laisse tomber dans l'alcool. Puis il prend un autre ver et le laisse tomber dans l'eau. Le lombric dans l'eau reste vivant alors que celui du whisky se tord sur lui-même quelques instants et meurt. A la fin de l'expérience, le papa demande :
- Alors Sylvain, quelle leçon tires-tu de ce que je viens de te montrer ?
Et Sylvain lui répond fort justement :
- Heu, ça montre que quand on boit de l'alcool, on ne risque pas d'avoir des vers...

9.7.04

Prolégomènes à ma poésie pour toi

Ton cul, mon coeur, ton cuistre
Étendu pour le compte,
Après que tu l’aies bouché
Si superbement,
L’embrasse.

Quand j’emplis le palais de tes joues,
Tu m’avales en réfléchissant...

Tu m’as mouché, j’en suis content
(toi et le grand Petit Robert);
J’en suis si fier, c’en est marrant :
Je te sens prête à recevoir.
Je sais qu’on va enfin pouvoir
Parler de prose et progresser.

7.7.04

Second début, enfin

Elle est venue se reposer ici, on a dormi ensemble pour la première fois. Considérant qu'on est amants depuis novembre, ça stupéfie. On fait ça de la même façon, en souveraineté-association: un oreiller sous le bras en guise de toutou.

6.7.04

Renouveau

Lundi midi, c'est life as usual, quelques heures plus tard la vie bascule. Ce soir, Kevin repeint le Bunker, je dépoussière mes livres et mes bibelots et Sakurako se repose dans ses nouveaux pénates du Vieux-Montréal, que nous avons baptisés jusqu'à l'aube.

3.7.04

Devoir

Michel Lapierre souligne avec éclat la parution de Vortex Violet chez Boréal, en une du Cahier Livres du Devoir ce week-end.