1.4.09

Viendra le jour

Viendra le jour, kid, et reviendra ensuite pas constamment mais sans faillir, si t'es comme moi je veux dire, réglé comme Old Faithful ou une cocotte sur la pilule, il viendra, plus d'une fois.

Rappelle-toi: elle t'offrira cela 



ou quelque chose comme ça. Ce sera le soir, la lumière diffusée dans la pièce par quelques sources avares tirera sur  le jaune et le cendré tandis qu'une ombre sur le mur, la tienne, te semblera trembler, puis te regarder.

Elle parlera doucement, un murmure, sain et serein, ventilé par de longs silences taillés pour accomoder tes sanglots, ceux qui surviendront bientôt sans s'être annoncés, des silences cousus aux mesures de tes désarrois soudains, qui auront l'air de tissus chers et de somptueuses, lourdes étoffes exotiques hors de prix, précieuses aussi, surtout, du fait qu'elles soient coupées pour toi, puis assemblées à la taille et aux formes que prendra le chagrin, ton chagrin, vêtures étouffant les sons durs et les accents cruels, pas l'habituelle muraille de mutisme érigée autour d'une forteresse insonorisée, elle dedans et toi dehors.

Puis, quand un grand calme soulagé comblera lentement les cavités insoupçonnées d'où jaillissaient tes pleurs, quand tu seras sur le point d'ouvrir les bras pour l'étreindre et sceller ses mots dans la cire encore molle de ta peau, tu la verras se lever, tourner le dos, partir, tes yeux pleins d'eau comme d'aqueux rideaux la regarderont s'éloigner, incrédules et brûlants comme des ronds de poêle, aveugles autant que tes oreilles étaient sourdes, mais tu entendras la porte qui se referme une dernière fois, ce sera même le seul son qui subsistera en toi, car déjà tu seras dans l'ouvrage de rassembler quelques choses parmi celles qu'elle a dites avec cette voix si douce, rescaper, ramasser, réunir, renflouer le rafiot qu'est un souvenir d'homme. Ce sera en pure perte. N'ayant rien entendu, tu échoueras, cela va de soi, chacun des sites mis en chantier entre ton esprit et ton coeur sera fouillé, labouré, tes recherches documentées à fond: à la fin, rien.

Souviens-toi, tout petit, quand vert de terreur et les lèvres soudées pour retenir tes vomissures, tu sentais enfin le gros manège de La Ronde ralentir, puis s'arrêter. Six minutes en avaient semblé cent et tu avais meublé chaque seconde du hurlement MAMAAAAN! pareil aux poilus de 1917 périssant par pathétiques paquets de plusieurs multipliés par sept et décimés par douzaines sur le Chemin des Dames...

Ooooohhhh, those were good times, weren't they?

Mais les poilus couraient en panique tandis que leurs tripes accrochées aux barbelés se déroulaient sur le champ dans les brouillards de gaz moutarde, tandis que toi tu as crié, sitôt ton renvoyat ravalé: «Encore! Je veux y retourner!»

Et tourne, retournait le manège.

Elles, c'est l'exacte même affaire.



22 commentaires:

Mighty Mélissa LeBlanc a dit...

Splendide cantique candide berçure pour coeurs humides, rapides et remous, sous un bateau saoul - souvenirs sous vide des heurts avides et des petites morts subies dans la fièvre iniatique. Panique. Passion. Pression qui fait sortir les anges d'une machine a extrusion blanche. Se réjouir de l'absence d'excuse a l'exclusion, préciser les précisions jusqu'au rire, jusqu'au rare, Plus d'écluses pour qu'elle fulgure, la destruction.

MakesmewonderHum a dit...

Ch'suis certain que, parmi nous, il y en a plusieurs qui donneraient de leur sang pour remplacer une toute petite partie de l'encre de ta plume. Moi le premier, lorsque j'lis des mottons de feeling de même.

Mon dos ne me permet qu'une simple courbette, toujours à l'affût que je suis d'un coup de pied au cul mais courbette de respect, Messire.

LeDZ a dit...

... Si un jour j'enseigne, quoique ce soit, je forcerais les étudiants à te lire !

Mistral a dit...

Et pis en plus, s'il n'y avait que ça! Mais par-d'sus l'marché savais-tu que c'est toute yinke des putes?

Mistral a dit...

Thanks, Dude. Feels good.

Mistral a dit...

LeDZ: Use VAMP so as not to leave any ugly markings on their skulls after you beat the shit out of the little fuckers. With a rod or some sort of big stick, I assume. Haven't been to school in a long while...

Pat Caza a dit...

grr
mercredi soir d'pas pire semaine so far, ol'Milwauk & weed, écrasé devant l'ordi, grosse miouze, les doigts à feu et à sang de jammer du blues,
couple de clics, p'voir
chu comme perdu stone style
m'cherchait l'énergie d'aller virer au coin pour une beer run
un surf
et j'suis tomber icitte
l'avatar aux yeux verts de deux cent pieds par 1600 de haut
le ti-cul des poètes d'che-nous
j'suis sur tu fumais des smokes en cachettes avant d'être de la Lignée
bum, que
dans le sang
cosmique
toé

quand j'vas être grand
j'veux être un crayon que tu me planteras dans l'œil
poète

cheerz, Bunkeryou

RAINETTE (l'énigmatique) a dit...

Cher Mistral, je suis un peu intimidée de commenter un si beau texte, je ne suis qu’une simple blogeuse, rien de plus !

J’aimerais d’abord relever les petits bouts de phrase qui sont pour moi de petites perles vivantes :


« … insonorisée, elle dedans et toi dehors »

« …tu seras dans l'ouvrage de rassembler quelques choses »

« …poilus de 1917 périssant par pathétiques paquets » et toute la fin à partir de la phrase en anglais évidemment, ça frappe fort, très fort. Surtout à la première lecture. Mais je n’ai pu me contenter de ne lire qu’une fois.

Ces expressions sont fort joulies ! Je vais suivre des cours et un jour j’écrirai « semblable à toi. Ça coule… dans tous les sens du mot.

ELLES….te vident les tripes mais tu veux toujours y retourner…..la sale affaire !

Pauvres poilus et pauvres vous ! Et pauvre de petite moi, mes cils sont mouillés...

Venise a dit...

J'aimerais n'offrir que le silence à la face de ces mots. C'est ce qu'ils méritent pour s'entendre plus longtemps encore que l'écho résonnant et rebondissant entre les murs de douze hautes montagnes.

Je m'abstiens, et j'ai au moins douze raisons de le faire, même si la première s'entend bien ; le silence rime parfois trop avec absence.

Décidément, cet Aznavour, un spécialiste du déluge des pleurs qui ne pleurent pas.

Anonyme a dit...

Ouais. by the way, je voulais te dire, les étudiants, ici, à Valleyfield, aiment pas ben ça tes affaires. Ils trouvent ça trop compliqué, sans queue ni tête, ils se reconnaissent pas dans ce que tu racontes.

Moi, personnellement, je me reconnais dans ce que tu racontes. Et je suis persuadé que mes amis aussi. Ici, je parle pas juste du borderline, de l'égotiste ou l'agace; je parle aussi du cuisinier, du classiciste et de la poète; je parle des mêmes personnes, au fond; et, je parle de moi.

En tout cas, je les trouve cool, moi, tes romans. Et, si, comme de faits, les étudiants ne les aiment pas; ben, voilà, c'est pas grave, à mes yeux. Ils y verront ben quelque chose un jour.

Ou ils crèveront et ils seront pas intéressants, à mon avis.


Bon, je me fais pogner le sein par le Grec ancien; ça craint ici, je me tire.

;-)

B.

RAINETTE (l'énigmatique) a dit...

"ventilé par de longs silences taillés pour accomoder tes sanglots"

J'avais oublié cette perle vivante... notamment....
Messi ! Pas de (e) tout de même !

Mistral a dit...

Cocc: Surtout, ne suis pas de cours!

helenablue a dit...

Ouais , et je veux pas paraphraser Basduck , je dois dire que non, c'est pas le mot cool, qui me vient, suis trop vieille !
Mais des mots plus intenses, de ces mots qu'on ose plus prononcer, parce qu'ils dérangent, ou sont trop émotionnants, et suis pas le moins du monde effrayée par mes émotions, au contraire!
Oui, c'est poésie, quête, soif, et sublime besoin d'être et d'être entendu, aimé, reconnu, caressé .
Comment ne pas l'entendre, en venant frotter sa peau ici.
C'est si épidermique...

Love
Blue

Yvan a dit...

Peux pas commenter,I'm still enjoying it.

Pat Caza a dit...

c'était à une autre époque, un autre temps ou partout disease et la
guerre faisait rage
c'était hallucinant, partout des têtes fraiches choppées au bout de
pieux longeant les chemins, dégoulinantes, partout des piles de crânes
et des crucifixions sadiques
que la nuit ou on pouvait sortir trouver refuge, la nuit sale comme
une religion interdite

celle d'une coche plus tard que tard
celle du sang fraternel

dans les ruines d'un gratte-ciel au neuvième une ombre tapochant
d'passion sur une Underwood en silicium
derrière le rideau waivant au beat de ton pied de jazzman
That song in the night !

Pat Caza a dit...

j'viens de poigner comme genre un élan de plein de patentes
et que comme j'dirais, arr
si j'étais le capitaine Kirk en ce moment
je me relèverais la tête de l'entrejambe de Miss Zoulou
et je te ferais téléporter un six pack de what suit you best, ol'Chap

S'j'portais un Stetson
Ici, drette là
je le pitcherais à terre et
je danserais autour en renversant ma bière partout

m'funny that way
d'l'autre bord du parc
des fois

Pat Caza a dit...

OK, I'll come out clean
j'abuse des substances
je triche
chu stone total out o'my mind
bombardé de visions
pis faudrait que je fasse une beer run
du E que je teste
je bosse à 12h30 demain, j'ai écris l'adresse sur mon avant-bras
si j'explose on pourra identifier les bout's

so far so good
je file comme un louveteau lâché lousse dans un troupeau de jeannettes

RAINETTE (l'énigmatique) a dit...

Ne pas suivre de cours ? Ok professeur hihi!!!

Yvan a dit...

Toujours ces mêmes manèges dans lesquels j'aime retourner en sachant ce qui m'attend pour me secouer de nombreuses fois
until "cheap thrill" or "More more more!".

Thanks but no thanks,I've seen you before or I'll take a rain check, see u somewhere somehow oubedon je ne te ou tu ne me mérites pas.

Ça tourne de droite à gauche de haut en bas,sont tous pareils dans l'fond et de la même étoffe tout en se présentant toujours différemment.
Elles sont îles désertes ou regorgeantes mais toutes de personnalités singulières,suffit de savoir s'il faut être arrosoir ou parapluie à divers degrés car elles resteront toujours des îlots sauvages à défricher.
De la même terre que nous les mecs;à déchiffrer.

Rien ne me sert de chercher à les comprendre,mais tout m'est donné et/ou pris de les accepter telles qu'elles sont,anges ou démons.

Morceau de bravoure à mon avis.
Par sa force il me fait penser à cet autre billet que tu
avais écrit sur la québécitude l'an dernier remember?

Anyway Mistral merci,tu sauras toujours parsemer ton chemin virtuel de bijoux tel que celui-ci.

helenablue a dit...

Oui, c'est intense, profond, et ça vous prend aux tripes.

Et puis le voyage n'est pas si différent au final, pour une femme comme pour un homme, la demande est la même être aimé inconditionellement, et être entendu dans l'amour que l'on donne. Avec cette peur d'être abandonné, rejeté , qui parfois encourage à briser avant que de l'être ! A la guerre comme à la guerre...

C'est du Mistral dense, truculent, sauvage et cette soif, oui cette soif.
Intarissable.

gaétan a dit...

Ayoye! Petit-fils saurait lire je l'amènerais ici et il serait prévenu de ce qui l'attend avec elles.
Certains se souviennent de ce qu'ils faisaient le 11/9 moi je me rappelle très bien de ma première peine d'amour. Aussi abandonné que ce poupon qui pleure dans son berceau. En tout cas c'est mon interprétation de ce magnifique texte.
Bonne journée.

Anonyme a dit...

Hum...

J'assume que j'ecris pour recevoir de la reconnaissance. Si j'ecrivais pour autre chose, je m'exprimerais. Je ferais pas quelque chose de joli.

Bon, je vais te dire, je pense que, quand j'ai lu ca pour la premiere fois, j'tais dans un mauvais etat. Je veux dire, le gros tas mangeur de biscuit m'avait fait lire un courriel d'expression flamboyant. J'tais pas dans l'etat pour apprecier le travail d'esthete que t'as du faire.

Aussi, j'avais une mauvaise opinion de ton texte. Voila que je le relis et que je vois un peu mieux ce que tu voulais dire, genre. Et, je suis touche.

Bon.

Et, Cocc, ce que Mistral m'a fait comprendre, et c'est tout recent hein, c'est que, voila : les cours d'ecriture, t'es la seule qui pourra les donner. Enfin, pour developper ton style. Si tu veux developper le style de Chassay, va faire un memoire avec ;-). Je taquine.

La, je suis un peu hors sujet mais je pense que Christian m'en tiendra pas rigueur.

A l'UQAM, ce qu'ils vont t'apprendre a faire, et c'est pareil a l'UdeM, et dans les universites americaines, c'est a gosser un texte en fonction de principes. Y'a un realisateur americain dont le nom m'echappe, qui a travaille avec John Malcovitch, et qui n'est pas Charles Chaplin (ma memoire est affectee par la medication); c'est CHARLIE KAUFMAN ou quelque chose comme ca, dans ADAPTATION; il dit, de la plus jolie facon (et c'est un film fort interessant; un film d'erudit) que : il n'y a pas de regles pour faire un film. Et a Christian de dire qu'il n'y a pas de chiffre d'or en ecriture et a Descartes de rajouter qu'il s'agit de faire oeuvrer son genie, genre (c'est dans les Discours de la methode; une lecture fort interessante que je t'invite a faire. Ca vaudra bien tous les cours d'univ, dans la mesure ou ce que tu veux faire c'est ecrire, en donnant un sens a ta vie) parce que, tu vois, dans les ecoles, ce qu'ils t'apprennent a faire, c'est degueulasse. C'est a coller un chiffre d'or dans ton texte; a te dire : ben, voila. Ici, je mettrai une... disons; une deconstruction, pour montrer l'etat d'esprit du personnage. C'est pour ca que les chapitres sont comme dans le desordre. Ensuite, je vais mettre des points de supsension, parce que le personnage est trouble. Bon, etc. C'est ce que fait MELANIE GELINAS dans COMPTER JUSQU'A CA (lol. Je voulais dire : @Compter jusqu'a cent@. Mais ma blague est meilleure. Wittgenstein serait fier). Parce que, tu vois, ils t'apprennent a ploguer des patterns. Les intellectuels font ca. Un bon exemple c'est Chassay dans L'angle mort, qui plogue (avec plus de grace que Melina Gelinas, j'en conviens) des principes d'Italo Calvino. Il parle de vitesse, de rythme pis de chepukoi. Il le deconstruit (parce que tes, PIS MEME MELANIE GELINAS LE DIT !, la deconstruction, c'est a la mode. Lire : Derrida. C'est plogguer all the way dans les milieux universitaires parait-il). Bon faque la tu lis ca pis tu fais : fuck ! c'est ben pas amusant ! je suis ebaubit de voir autant de connaissances mais, au fond, je suis pas amuse. A coi (sic. Chevrier m'a dit ce que ca voulais dire et m'en souviens pu. Erreur comprise. (Sic).)Koi, Quoi, ca sert de lire un lire un livre si ca me divertit pas ^ Ben voila je me dis que ca me sert a reperer des patterns, a faire un travail intellectuel mais voila, c'est pas AMUSANT. On aime pas ca. L'art, c'est de rendre aimable quelque chose. Rene-Daniel Dubois le dit. Me souviens plus de grand chose de l'annee passee mais me souviens de ca.

Bon. Et voila. Si tu veux etre une artiste, et je parie que c'est le cas, je pense que t'es mieux de commencer a ecrire dro la. Tu vas voir, c'est complique et difficile mais satisfaisant. Tu vas comprendre : ici, ca va mieux pour donner du sens mettons que je mets le mot @essence@ (au sens de gaz) que le mot @sang@ (qui est trop evident); ou, je veux faire un poeme metaphysique; je vais mettre le mot @entendement@ plutot que @comprehension@ et plutot que de l'intituler @Le philosophe@, je vais l'intituler @Kant@. C'est a partir de la que tu vas arriver a faire quelque chose de cool. Moi, c'est ce que j'ai decouvert.

Et j'y serais jamais arrive sans l'aide de Mistral, hein ;-). On l'aime Christian, c'est ce qui est le plus cool sur cette note. Moi excepte, c'est juste du panageryque. Ca change de l'ailleurs ou on fait que le trasher. Faut croire que la selection naturelle s'effectue. Hein, Christian ^ :-)

Pis, voila. Moi, j'ai decouvert que si j'ecrivais pas c'est parce que je m'en sentais incapable. C'est un probleme d'estime de soi. PRATIQUES DE L'ESTIME DE SOI de CHRISTOPHE ANDRE aide, de maniere tres efficace, a s'en sortir.

Pis, finalement, comme je l'ai dit, si t'es faite pour ecrire, encore faut-il que tu le veuilles. Et que tu fasses les sacrifices qui conviennent. Lire de la philo, comme Mistral m'a appris a le faire, aide beaucoup. Je te conseille Descartes qui est facile; Kant qui est complique mais idealiste; pis Rousset pour peter ta baloune et devenir heureuse. Charles Taylor regle certains probleme aussi. Les sources du moi sont geniales mais moins faciles a comprendre que les autres; parce qu'il connait moins sont sujet que les autres. Il est cependant plus satisfaisant, une fois que tu l'as lu, parce qu'il parle de ce qu'on fait aujourd'hui. C'est de la philo contemporaine.

Au fond, ce qui est cool, c'est que Mistral sert comme vecteur dans tout ca. Il cree des heros.

Allez, tu peux me remercier ;-).